C'est une chose périlleuse que tu demandes, Thomas. Car nous n'avons pas tous l'entière connaissance de ce qu'il se passait sur les autres tables. Parfois encore certaines choses sur la mienne m'échappent.
Mais je veux bien raconter ce qu'il m'est arrivé.
Mon univers était un monde fantastique où la magie coexistait avec la technologie, et on peut y trouver un grand nombre de mécanisme utilisant la vapeur, ainsi que des artefacts magiques.
J'étais donc sur la table d'Alain, le prince (bâtard) héritier du royaume, en route pour faire des négociations aux frontières. Je me nommais Max Sedlitz de Calembourg, un sourire charmeur, une coupe de cheveux à la Loréal, et un skate volant (à la retour vers le futur) super puissant. Je suis un prince très apprécié par le public. C'est important de dire tout cela pour comprendre la tragédie dans laquelle j'ai sombré.
Dans ma mission, prenant le train, accompagné de mon fidèle ami, qui est aussi mon garde du corps, Mathieu (une boite de conserve ambulante), un général m'ayant récemment sauvé la vie (Simon), un autre ami d'enfance qui me conseille et travaille dans les services secrets (Thierry), enfins un homme étrange dans un long manteau (Sébastien) et une black (Jérôme) que je ne connais pas trop.
Dans le train, je reprends, soudainement le temps s'arrête. Plus personne à notre exception ne fait un mouvement, le train est arrêté. Un "petit vieux" avec une bonne barbe grise se présente à nous. Il nous déclare que nous devons trouver les treize épées légendaires situées de l'autre côté de la mer de sable pour sauver le royaume contre une secte vénérant un dieu maléfique qui m'envoie régulièrement des assassins. De ce qu'il ajoute, il prétend avoir "vu" que nous y parviendrons. Alors nous acceptons cette mission.
Arrivé à destination, nous apprenons qu'au bord de la ville s'étend un immense désert de sable, hanté par une puissante magie. Et quiconque essaye de le traverser finit souillé, c'est-à-dire qu'il mute lentement en un sympathique démon. Un vaisseau en vérité est capable de traverser ce désert, mais l'entreprise est risquée. Bien entendu, par de royaux arguments, nous parvenons à prendre place dans l'embarcation.
La traversée se fait sans trop de difficultés, si ce n'est la mutation d'un jeune mousse souillé, qui vient nous surprendre dans notre sommeil. Les yeux injectés de sang, de longues griffes, des crocs énormes, et des pics sur tout le corps. La bataille s'engage aussitôt. La pièce où nous dormons est étroite ce qui nous empêche pour la plupart d'utiliser nos attaques. Je m'élève sur une couche en hauteur, et je me jette une couverture en main sur le démon pour l'immobiliser. Elle s'embrase infligeant je ne sais combien de dégâts à tout le monde. Et puis mon personnage se retrouve collé au plafond. Je lance ce qu'il me reste de la couverture enflammé sur le démon avec mon épée. Dans ma grande dextérité tout cela atterrit sur Mathieu. Sébastien fait ensuite quelque chose d'assez classe. Tout d'un coup il se sépare en treize clones qui chacun envoie un shuriken sur le monstre. Nous recevons bien sûr notre part de shurikens perdus...
Le démon arrêté, le voyage reprend. Nous arrivons enfin devant une immense falaise dans laquelle est découpé un immense portail. Avec mon overboard je m'envole activer le portail. C'est alors qu'un groupe de paladins en armure épaisse nous charge. C'est la table d'Aurélien. On parvient à repousser l'assaut, jusqu'à ce que le portail s'ouvre. Et nous fuyons, alors que la table de Baptiste arrivait elle aussi soutenir le combat.
Le portail nous envoie à une centaine de mètres de profondeur, sous les eaux. Au loin une porte vers laquelle nous nous dirigeons à court de souffle. Heureusement celle-là ouvre sur une salle contenant miraculeursement de l'air. Nous explorons le bâtiment, trouvant des squelettes, des runes. Plus loin, des colonnes de lumière nous permettent de nous soigner. Et nous continuons. Quelques araignées et quelques pièges nous arrêtent dans notre exploration. Mais sur ce point passons sans un mot. Chose plus grave, un ange dans une salle nous pointe de son épée. Il engage le combat, et à chaque round il se transforme en une autre créature (démon, serpent, vautour...) oubliant les blessures que nous lui avons fait subir. Impossible de fuir, les portes sont fermées. L'ange prend la forme alors d'une nuée de lumières noires et s'enfonce en moi. (Et je ne sais strictement pas ce que cela impliqua.)
La salle suivante était immense. Après une petite passerelle nous arrivons devant un gigantesque démon pris dans une colonne de lumière. A notre grand bonheur il ne se réveille pas. Derrière un autre panneau avec des cristaux. Jérôme a la bonne idée d'aller toucher voir, et il finit à terre poussant des cris de douleurs inhumains. Le pauvre.
Les deux autres tables nous rejoingnent dans la salle. Ferveur fanatique dans les yeux. Et apparemment elles sont alliées. J'ai alors l'idée de faire un jet d'intimidation épouvantable. Je les interpelle et les menace de réveiller le démon si jamais ils font un seul mouvement. Leurs frayeurs se confirment et ils me traitent d'hérétiques. Pas un ne consent à lacher les armes et bien au contraire ils se préparent à tous m'attaquer. S'ensuit ma plus épique série de dés. Je prends l'initiative sur trois tables réunies, faisant un vingt naturel. Mais je ne suis pas fou pour mettre ma menace à exécution et je ne fais que dégainer mon arc pour viser le démon, espérant encore pouvoir les intimider. Durant tout le round je vais éviter chacune de leurs attaques faisant des jets de porc, si bien que contre une quinzaine d'ennemis contre moi seul réuni je survécus un round entier.
Mon tour vient, je décide d'utiliser mon overkill. Il me suffit de faire un petit symbole avec mon skate volant pour générer une onde de choc et un mur infrachissable. Ils auraient dû tous finir dans le ravin derrière eux. Mais la chance me quitte, et je les rate tous. Pire, trois fumbles de suite, je me prends un coup, une blessure grave : un six ! Je meurs sans retour.
RIP
Je laisse aux autres le soin de raconter la suite. Parce que je m'y suis un peu perdu.